SUCCESSIONS INTERNATIONALES EUROPEENNES : TOUT CHANGE EN 2015

2015 est l´année des grands changements en Espagne, en matière de successions internationales européennes, et ce, tant au niveau civil que fiscal.

1.- Simplification des successions en droit civil

Le 17 août 2015, un Règlement Communautaire (nº650/2012) va commencer à s´appliquer aux successions ouvertes à partir de cette date. Ce règlement a pour objet de simplifier la situation juridique complexe qu´entraînent les successions internationales, notamment en raison du fait que tous les pays n´ont pas les mêmes règles en la matière.

En France par exemple, la loi applicable est celle de la dernière résidence habituelle du défunt en ce qui concerne les meubles et les actifs financiers et, pour les biens immeubles, celle du pays où ils sont situés. En Espagne, en revanche, prévaut la loi de la nationalité du défunt pour tous les biens.

Grâce à ce règlement, cette disparité de règles en fonction des pays est supprimée au profit de règles unifiées au sein de l´Union Européenne. Désormais, la succession sera régie civilement par la loi de l’Etat dans lequel le défunt aura sa résidence habituelle au moment de son décès. Il existe, de manière subsidiaire, d´autres critères optionnels de compétence (loi civile du pays avec le défunt présentait des liens manifestement plus étroits avec un autre Etat, ou loi de la nationalité du défunt).

Il est donc important, pour les résidents espagnols de nationalité française par exemple, de bien appréhender les conséquences de ces changements. Ainsi, si une personne souhaite maintenir l´application du droit français à sa succession et vit en Espagne, il faudra qu´elle fasse connaître son intention à travers d´un acte notarié.

Attention, ce Règlement Communautaire ne concerne que la régulation de la succession au regard du droit civil, le droit fiscal n´étant pas concerné.

2.- Fin de la discrimination en droit fiscal

Suite à la condamnation de l´Espagne par la Cour de Justice des Communautés Européennes, le 3 septembre 2014 dernier, pour discrimination fiscale en matière de droits de successions, l´Espagne a modifié la loi nationale en la matière. La réforme fait disparaître toute différence de traitement fiscal entre résidents fiscaux espagnols et non résidents de l´Union Européenne (UE) ou de l´Espace Economique Européen (EEE : UE + Islande, Norvège et Lichtenstein).

Ainsi, la nouvelle norme prévoit 5 cas (2 de successions et 3 de donations) qui permettent d´appliquer la norme régionale et non la nationale aux non résidents. Dans certaines Communautés Autonomes (Madrid, Valence, Murcia, Baléares…), l´économie fiscale découlant de l´application de ces normes régionales est très importante.

Attention, ce changement légal ne signifie pas que les Communautés Autonomes vont être compétentes pour recouvrer cet impôt. L´Etat continue d´être compétent mais il va calculer l´impôt, si les héritiers, donataires sont non résidents dans l´UE ou l´EEE, en appliquant la norme régionale correspondant au cas d´espèce. Par ailleurs, la loi nationale continuera de s´appliquer aux non résidents hors UE et EEE.

Cette modification légale forcée par la Cour de Justice de l´UE est à saluer car le droit en vigueur jusqu´au 31/12/2014 entrainait des situations totalement injustes du point de vue fiscal pour les héritiers non résidents.

Seul bémol à ce changement légal : la loi n´a pas d´effet rétroactif. Toute succession ou donation ayant entraîné le paiement d´un impôt discriminatoire avant le 1er janvier 2015 doit faire l´objet de recours spécifiques afin de tenter d´obtenir le remboursement de l´excès payé.

NOUVEAU REGIME DE VERSEMENT ET DE DEDUCTION DE LA TVA AU MOMENT DES ENCAISSEMENTS/PAIEMENTS

Un nouveau régime fiscal optionnel de TVA vient d´entrer en vigueur. En substance, sa philosophie est d´aider les assujettis à la TVA (entreprises, entrepreneurs) à éviter de devoir reverser la TVA à l´administration si leurs clients ne les paient pas. En période de crise, une telle idée ne pouvait être que saluée.

Le problème est qu´en pratique, cette réforme ne va probablement pas avoir le succès escompté compte tenu de l´existence de règles techniques compliquées qui peuvent porter préjudice indirectement aux clients de l´assujetti à la TVA qui décide d´opter pour ce régime.

En effet, si un assujetti (A) opte pour ce régime des encaissements, et émet une facture à son client (B), ce dernier se trouve “contaminé” par ce régime en ce qui concerne son droit à déduire la TVA de la facture de (A). Ainsi, autant A trouvera un intérêt et à ce régime car il ne reversera la TVA de sa facture que lorsque B la lui aura payée, autant B se verra limiter à son droit à déduire cette TVA jusqu´à ce qu´il ait payé la facture (condition qui n´existe pas si A et B son en régime ordinaire de TVA). Dans les faits, B aura intérêts à rechercher un autre fournisseur qui ne soit pas soumis au régime des encaissements afin de pouvoir se déduire la TVA immédiatement et non pas de devoir attendre le paiement de cette dernière à son fournisseur.

A priori, ce régime ne sera intéressant que pour les sociétés et entrepreneurs (A) qui travaillent exclusivement pour des clients (B) qui ne peuvent se déduire la TVA (organismes publics, particuliers).

Il est donc important de bien analyser chaque cas particulier et ne pas opter pour ce régime “à l´aveuglette”.

LOI DE FINANCES 2014 (ETAT ESPAGNOL)

La loi de Finances 2014 ne prévoit pas de modifications substantielles en matière fiscale. Ainsi, la fiscalité applicable en 2014 est très similaire à celle de 2013. Les modifications les plus récentes avaient été adoptées en cotobre 2013 par le biais d´une loi visant à aider les entrepreneurs en matière d´Impôt sur le Revenu et d´Impôt sur les Sociétés, de Sécurité Sociale et de TVA (posibilité d´opter pour le régime de paiement et de déduction de la TVA en fonction des encaissements).

La seule modification substantielle est la suppression à partir de 2015 de l´Impôt sur la Fortune (Impuesto sobre el Patrimonio). Ainsi, à partir du 1er janvier 2015, cet impôt se verra appliquer une exonération de 100% (il existera cependant, dans certains cas une simple obligation de déclarer le patrimoine).

Déclaration fiscale du patrimoine situé à l´étranger pour les résidents fiscaux espagnols à partir du 1er février 2013

Tous les résidents fiscaux espagnols qui détiennent des biens à l´étranger auront l´obligation de les déclarer, durant la période allant entre le1er février au 30 avril 2013.
Il existe trois catégories de biens: (i) Comptes bancaires ; (ii) Parts sociales / Assurances-vie / Obligations / Placements financiers ; (iii) Immeubles.
L´obligation de déclarer s´appliquera, pour chaque catégorie de biens, si le total des biens entrant dans une catégorie est égal ou supérieur à 50.000 €.Cette déclaration devra être actualisée, annuellement, si une augmentation d´au moins 20.000 € se produisait dans une des catégories.
Que se passe-t-il si cette déclaration est faite correctement?
En soi, il ne se passera rien car cette déclaration n´aura qu´un caractère d´information.
En revanche, elle permettra à l´administration fiscale espagnole de connaître avec précision le patrimoine situé hors d´Espagne que peut avoir un résident fiscal espagnol et ses éventuelles sources de revenus hors d´Espagne (revenus locatifs, revenus de placements etc…).
Cette déclaration pourra donc permettre à l´administration de réaliser des contrôles fiscaux tant au regard de l´Impôt sur le Revenu que de l´Impôt sur le Patrimoine (réinstauré au niveau national pour 2011, 2012 et pour le moment, 2013 et amendé par certaines communautés autonomes).
Il convient donc de bien analyser chaque cas particulier afin d´envisager, parallèlement à la présentation de la déclaration de biens à l´etranger, la réalisation de régularisations fiscales, avant tout contrôle fiscal, si certains revenus de source étrangère n´ont pas été déclarés correctement.
Que se passe-t-il si cette déclaration n´est pas faite?
La loi prévoit deux type de sanctions dont les montants sont très élevés:
– Sanction formelle: minimum: 10.000 euros par bien non déclaré.
– Intégration dans l´assiette imposable du bien non déclaré. Exemple: un bien immeuble dont la valeur serait 200.000 €: cette valeur serait considérée comme un revenu imposable. A cela s´ajouterait une sanction de 150% du montant de l´impôt.