DECLARATIONS DES BIENS A L´ETRANGER / MODELE 720 / CHRONIQUE D´UNE MORT ANNONCEE

La Commission Européenne a communiqué lundi 23 novembre 2015 à l´Espagne qu´elle considère que le régime actuel de déclarations des biens à l´étranger n´est pas conforme au droit communautaire, compte tenu de la dureté des sanctions prévues en cas de non respect de ces obligations (les sanctions peuvent être plus élevées que le propre patrimoine non déclaré). Elle a donc officiellement ouvert contre l´Espagne une procédure visant à la sanctionner. L´Espagne a deux mois pour répondre à cette communication.

Le gouvernement ne va probablement pas rectifier la loi et ce contentieux terminera devant la Cour de Justice Européenne, qui condamnera, à mon sens l´Espagne.

ECHANGE AUTOMATIQUE D´INFORMATION EN MATIERE DE COMPTES BANCAIRES A PARTIR DE 2016 DANS PLUS DE 50 PAYS

L´Espagne vient d´approuver une norme (Real Decreto 1021/2015 en date du 13 novembre 2015), qui va obliger les entités financières à identifier la résidence fiscale des personnes qui possèdent un compte chez elle et va également les obliger à collecter toute une série d´information concernant ces comptes.

Cette norme suit les nouveaux standards internationaux qui ont été établi par l´union européenne et l´OCDE par le biais d´un Accord Multilatéral signé à Berlin, en 2014, par plus de 50 pays.

L´information qui devra être fournie annuellement par les banques espagnoles aux autorités du pays de résidence du contribuable sera la suivante :

  • Nom, prénom, dénomination sociale, pays de résidence, numéro fiscal des titulaires et personnes autorisées sur le compte.
  • Numéro de compte.
  • Nombre y numéro d´identification fiscal de la banque qui communiquera l´information.
  • Solde o valeur en fin d´année. Pour les contrats d´assurance, valeur de rachat. En cas de fermeture du compte, cette dernière devra également être communiquée.
  • Les intérêts perçus devront également être communiqués.

Cette norme a pour but essentiel de connaître les revenus financiers qu´ont les résidents d´un pays (Espagne) en provenance de comptes situés hors de ce pays.

La norme entre en vigueur le 1er janvier 2016 et le premier échange d´information concernant l´exercice 2016 aura lieu en 2017.

  • Pays et territoires concernés par cet échange d´information (par ordre alphabétique)

Afrique du Sud, Allemagne, Argentine, Barbade, Belgique, Bulgarie, Chipre, Colombie, Corée, Croatie, Curaçao, Danemark, España, Estonie, Finlande, France, Grèce, Groenland, Hongrie, Iles Féroé, Inde, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxemburg, Malte, Maurice, Mexique, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, République Chèque, Roumanie, San Marin, Seychelles, Slovaquie, Slovénie, Suède, Trinidad et Tobago.

Les territoires dépendant du Royaume-Uni : Guernesey, île de Man, Jersey, Anguilla, Bermudes, Gibraltar, îles Caïman, îles Turques et caïques, BVI (îles Vierges Britanniques), Montserrat.

Concernant, Barbade, la Bulgarie, l´Inde, les Seychelles, Trinité et Tobago et le Groenland : l´accord de Berlin n´a pas été formellement signé mais ces pays/territoires mais ces derniers se sont engagés formellement à échanger l´information à partir de 2017.

  • Pays et territoires concernés par cet échange d´information (par ordre alphabétique) à partir de 2018 : Autriche, Aruba et Suisse en principe.

IMPÔT SUR LA FORTUNE ESPAGNOL (IP) : UN BEL EXEMPLE D´INSECURITE JURIDIQUE (II)

Nous écrivions, en Octobre 2014 que le gouvernement, contre toute attente, revenait sur ce qu´il avait approuvé 10 mois auparavant et prolongeait pour 2015 cet impôt.

Cette situation se produit à nouveau pour 2016:

Fin 2015, le gouvernement avait adopté la suppression de l´”Impuesto sobre el Patrimonio” à partir du 1erjanvier 2016. La loi de Finances pour l´exercice 2015 avait modifié en ce sens la loi régissant l´ « Impuesto sobre el Patrimonio » ou IP.

A la lecture de la rédaction du projet de loi de Finances pour 2016, l´IP serait désormais supprimé à partir du 1er janvier 2017 et non 2016.

Reste à voir par ailleurs ce que feront les Communautés Autonomes qui sont compétentes pour modifier l´IP (Madrid par exemple exonère ses contribuables de cet impôt).  Certaines ont déjà annoncés des augmentations pour 2016 : Communauté Valencienne et Baléares entre autres.

REMBOURSEMENT DE L´IMPOT SUR LES SUCCESSIONS ET DONATIONS PAYÉ EN ESPAGNE (II) : SPECIFICITES RELATIVES A LA COMMUNAUTE VALENCIENNE SUITE A L´ARRET DU TRIBUNAL CONSTITUTIONNEL EN DATE DU 18 MARS 2015.

1.- Nous avons évoqué, lors de nos derniers articles, la portée de l´arrêt la Cour de Justice de l´Union Européenne en date du 3 septembre 2014 qui permet notamment aux héritiers  résidents d´un pays de l´UE de réclamer le remboursement de tout ou partie de l´impôt sur les successions qu´ils ont payé en Espagne, en appliquant la loi fiscale régionale correspondant au cas d´espèce, au lieu de la loi nationale.
Dans le cas où cette action est menée en application de la loi sur les Successions et Donations Valencienne, l´administration avait trouvé, dès la publication de l´arrêt de la Cour Européenne, une parade très critiquable visant à limiter fortement le montant du remboursement.
En effet, l´administration allait accepter d´appliquer la loi valencienne en vigueur au moment du décès (elle allait notamment accepter les abattements fiscaux en fonction du lien de parenté de cette loi, abattements qui sont supérieurs à ceux de la loi nationale) mais elle allait en revanche refuser d´appliquer le principal avantage fiscal de cette loi régionale : la bonification de 99% (ou 75%) du montant de l´impôt (cas des successions en faveur des enfants ou du conjoint). Le motif de ce rejet est que la loi valencienne, jusqu´à la fin 2014, limitait cet avantage aux seuls héritiers résidant fiscaux de la Communauté Valencienne.
Cette interprétation était bien évidemment contraire à l´arrêt de la Cour de Justice précité et aurait entrainé des recours supplémentaires qui auraient ralenti l´issue favorable de tels recours.
Cette situation de blocage devrait être finalement évitée car le 18 mars 2015, le Tribunal Constitutionnel espagnol a considéré que cette condition limitant un avantage fiscal aux seuls héritiers résidents de la Communauté Autonome Valencienne était inconstitutionnel.
Par conséquent l´application combinée de ces deux arrêts devrait permettre de faire aboutir favorablement les demandes de remboursement fondées sur la loi de successions valencienne.
2.- Cet arrêt du Tribunal Constitutionnel a également une portée très importante pour les héritiers résidents en Espagne mais ne résidant pas dans la région de Valence.
Exemple : défunt résident à Valence et héritier résidant à Madrid. L´héritier pourra réclamer le remboursement de l´excès d´impôt qu´il aura payé (si cet impôt a été payé il y a moins de 4 ans).
3.- Pour les successions dont l´impôt doit être payé à partir du 1er janvier 2015, cette discrimination fiscale existant tant pour les héritiers non résidents espagnols que pour les héritiers résidents espagnols (hors région valence) vis à vis des héritiers résidant de la région de Valence, disparaît totalement, suite à des modifications de la loi nationale et régionale.

REMBOURSEMENT DE L´IMPOT SUR LES SUCCESSIONS ET DONATIONS PAYÉ EN ESPAGNE

Suite à la condamnation de l´Espagne par la Cour de Justice de l´Union Européenne (voir article précédent), les héritiers ou donataires qui ont eu à payer des droits de succession en Espagne et qui résident dans l´Union Européenne peuvent, dès à présent, mettre en oeuvre des demandes de remboursement d´une partie significative de l´impôt payé.
Le montant du remboursement variera selon les cas car il dépendra de la loi régionale qui aurait dû s´appliquer au moment du décès ou de la donation.
Chaque cas doit donc être examiné avec précision car il existe de grandes différences entre Communautés Autonomes.
Il est donc important que toute personne qui est dans cette situation fasse examiner son cas par un spécialiste afin de pouvoir évaluer les montants en jeu et la meilleure approche en terme de procédure.

SUCCESSIONS INTERNATIONALES EUROPEENNES : TOUT CHANGE EN 2015

2015 est l´année des grands changements en Espagne, en matière de successions internationales européennes, et ce, tant au niveau civil que fiscal.

1.- Simplification des successions en droit civil

Le 17 août 2015, un Règlement Communautaire (nº650/2012) va commencer à s´appliquer aux successions ouvertes à partir de cette date. Ce règlement a pour objet de simplifier la situation juridique complexe qu´entraînent les successions internationales, notamment en raison du fait que tous les pays n´ont pas les mêmes règles en la matière.

En France par exemple, la loi applicable est celle de la dernière résidence habituelle du défunt en ce qui concerne les meubles et les actifs financiers et, pour les biens immeubles, celle du pays où ils sont situés. En Espagne, en revanche, prévaut la loi de la nationalité du défunt pour tous les biens.

Grâce à ce règlement, cette disparité de règles en fonction des pays est supprimée au profit de règles unifiées au sein de l´Union Européenne. Désormais, la succession sera régie civilement par la loi de l’Etat dans lequel le défunt aura sa résidence habituelle au moment de son décès. Il existe, de manière subsidiaire, d´autres critères optionnels de compétence (loi civile du pays avec le défunt présentait des liens manifestement plus étroits avec un autre Etat, ou loi de la nationalité du défunt).

Il est donc important, pour les résidents espagnols de nationalité française par exemple, de bien appréhender les conséquences de ces changements. Ainsi, si une personne souhaite maintenir l´application du droit français à sa succession et vit en Espagne, il faudra qu´elle fasse connaître son intention à travers d´un acte notarié.

Attention, ce Règlement Communautaire ne concerne que la régulation de la succession au regard du droit civil, le droit fiscal n´étant pas concerné.

2.- Fin de la discrimination en droit fiscal

Suite à la condamnation de l´Espagne par la Cour de Justice des Communautés Européennes, le 3 septembre 2014 dernier, pour discrimination fiscale en matière de droits de successions, l´Espagne a modifié la loi nationale en la matière. La réforme fait disparaître toute différence de traitement fiscal entre résidents fiscaux espagnols et non résidents de l´Union Européenne (UE) ou de l´Espace Economique Européen (EEE : UE + Islande, Norvège et Lichtenstein).

Ainsi, la nouvelle norme prévoit 5 cas (2 de successions et 3 de donations) qui permettent d´appliquer la norme régionale et non la nationale aux non résidents. Dans certaines Communautés Autonomes (Madrid, Valence, Murcia, Baléares…), l´économie fiscale découlant de l´application de ces normes régionales est très importante.

Attention, ce changement légal ne signifie pas que les Communautés Autonomes vont être compétentes pour recouvrer cet impôt. L´Etat continue d´être compétent mais il va calculer l´impôt, si les héritiers, donataires sont non résidents dans l´UE ou l´EEE, en appliquant la norme régionale correspondant au cas d´espèce. Par ailleurs, la loi nationale continuera de s´appliquer aux non résidents hors UE et EEE.

Cette modification légale forcée par la Cour de Justice de l´UE est à saluer car le droit en vigueur jusqu´au 31/12/2014 entrainait des situations totalement injustes du point de vue fiscal pour les héritiers non résidents.

Seul bémol à ce changement légal : la loi n´a pas d´effet rétroactif. Toute succession ou donation ayant entraîné le paiement d´un impôt discriminatoire avant le 1er janvier 2015 doit faire l´objet de recours spécifiques afin de tenter d´obtenir le remboursement de l´excès payé.